Réveil...surprenant...

Justine s'éveilla. Elle se trouvait dans un lit froid, glacé. Elle se souvint de tout. De sa fugue, du drôle de type, de la piqûre... *On m'a enlevée*, songea-t-elle. Elle ouvrit les yeux. Fait étrange:elle ne voyait rien. La jeune fille se sentit en danger. Puis elle songea que, tout simplement, on avait oublié la lumière. Elle n'y croyait qu'a moitié, mais cela la rassurait un peu. Justine se redressa, étendit les mains et tatonna autour d'elle. À sa droite, il y avait un sac, sans doute celui qu'elle portait quand on l'avait enlevée. Elle l'ouvrit et sut que c'était celui-là. Elle le mit se leva. Elle fit quelques pas.Elle avait eu tort. La jeune fille ne pouvait plus se repérer. Elle s'immobilisa, de peur de s'éloigner encore plus. Un bruit retentit à sa droite...

Criss était d'une humeur de chien. Explications? Eh bien, le magicien gothique aurait dû faire un tour de magie en public hier après-midi, tour qu'il avait mis près de six mois à mettre en place, et à la dernière minute, le maire de la ville avait changé d'avis et Criss ne put pas faire son tour... Complètement furax, le correcteur avait passé ses nerfs sur une pile d'assiettes de porcelaine qu'il possédait. Après s'être légèrement calmé et avoir réveillé ses voisins, Criss avait décidé qu'un tour dans le manoir lui ferait le plus grand bien. Il marchait dans les couloirs, tout en réfléchissant au meilleur moyen de prendre sa revanche sur ce maire stupide incapable de maintenir une décision. Lorsqu'il arriva dans le hall, il remarqua qu'une nouvelle invitée venait d'arriver: aucun autre correcteur n'était présent. Mais ils sont donc incapables de surveiller leurs invités? Poussant un soupir d'exaspération, Criss prit une chaise, et s'assit à la droite de la jeune fille, attendant que celle-ci sorte de son coma. Lorsqu'elle se réveilla enfin, Criss reconnu immédiatement de quel syndrome elle souffrait: celui de la privation. Les yeux de la jeune fille était comme voilés, comme si une couche de givre les recouvraient. Criss la laissa se rendre compte par elle-même qu'elle n'y voyait plus rien avant de se lever en raclant bruyamment sa chaise sur le sol. Jetant un coup d'œil à la feuille d'arrivée de l'invitée, il nota son nom: Justine Duval, ainsi que son âge, 15 ans. Par contre, aucun numéro de chambre n'était inscrit: mais qu'es-ce qu'ils foutent à la direction du manoir? Mais c'est pas possible ça! Criss jura entre ses dents et s'approcha de la jeune fille. Il lui prit doucement la main et dit:

"Bonsoir mademoiselle! Mais que faites-vous ici? Je veux dire, dans le hall? Pourquoi ne vous a-t-on pas accompagné dans votre chambre? Mais ils sont vraiment incapables de s'occuper des invités dans ce fichu manoir! Ils vous laissent toute seule au milieu du hall! N'importe quoi! Permettez-moi de vous aider... Je m'appelle Criss."

Evidemment, c'était du baratin: ce que la pauvre petite Justine ne voyait pas, c'était le rictus sadique sur les lèvres du magicien gothique...

Ce bruit, c'était...une chaise qui racle le sol. Justine se raidit. Elle porta une main à son pendentif. Cela la rassura. Il venait de l'unique amie qu'elle ait jamais eue. Elle ne savait pas qui avait fait bouger cette chaise. Ni de quel coté était le lit. La jeune fille ne voyait toujours rien, en effet. Elle refusait d'admettre qu'elle était aveugle. Elle entendit jurer. Puis une main saisit la sienne. Justine entendit une voix masculine qui s'adressait à elle, avec sympathie. La jeune fille murmura:

"-Ce que je fais ici? Je n'en sais rien. On est ou d'abord et..."
Elle avait élevé la voix. Et failli demander pourquoi la lumière était éteinte. Mais elle savait qu'il ne fallait jamais avouer ses faiblesses. Même si on semblait lui vouloir du bien. Elle reprit, d'une voix plus posée:
"-Enchantée, Criss. Je m'appelle Justine. Je ne suis pas sûre, mais...serait-ce le manoir Emerson?"
Justine sentait que quelque chose clochait. Ce n'était pas normal. Mais, malgré tout, elle décida de faire confiance à Criss. Pour la première fois de sa vie, elle fit preuve d'imprudence.
"-S'ilvousplait...pourriez-vous allumer la lumière."
Naïvement, elle croyait encore qu'il suffisait qu'on appuie sur un interrupteur pour qu'elle voie ce qui l'entourait. Elle ne voulait pas croire qu'elle ne verrait plus jamais.

EDIT TOPH : J'ai vu, avec mon oeil de lynx, mademoiselle, que votre premier post faisait moins de dix lignes. Même si le second est correct, je t'avertis juste qu'il faut respecter le nombre de lignes ^^. Fais attention, donc.

Criss s'empêcha de ricaner en s'apercevant que la petite lui faisait confiance. D'une voix calme, il répondit à sa question:

"Mais, les lumières SONT allumées! Vous ne voyez peut-être rien, mais moi, ce que je vois, c'est que vos yeux sont voilés: vous êtes aveugle mademoiselle Justine! Vous l'êtes de naissance?"

Criss adorait ça: faire style 'je te connaît pas mais je veux en savoir plus sur toi et être ton ami'. Criss était quelqu'un qui, comme on dit 'cachait bien son jeu'. Criss savait parfaitement que Justine n'était pas aveugle de naissance et que c'était dû à l'injection du syndrôme. Il savait également qu'il allait bien s'amuser avec elle... Et bien, sûr, pas dans le sens gentil du terme! Il se surprit à penser qu'il devait aussi penser à nettoyer sa chambre: en effet, les débris des assiettes de porcelaine sur lesquelles il s'était défoulé tout à l'heure étaient toujours par-terre, en pagaille dans sa chambre! Bah, il le ferait quand il retournerait à sa chambre. Tiens tiens tiens... Mais en voilà une bonne idée! Puisque Justine lui faisait confiance, pourquoi ne pas l'emmener dans sa chambre? De toute façon, la demoiselle Emerson ne semblait pas disposée à donner une chambre à cette jeune fille, donc, en attendant, sa chambre à lui ferait très bien l'affaire! Et puis, au moins, comme ça, il l'aurait à portée de main pour faire mumuse... Le magicien gothique s'avança vers la jeune fille et, la prenant dans ses bras, il la porta. Il dit:

"Pour commencer, je vais t'emmener dans un endroit plus chaud que ce hall glacial et morbide, qu'en pense-tu Justine? Tu as l'air d'avoir froid... Si tu veux, je t'apporterais aussi quelque chose à boire et à manger, tu as faim?"

Oui, je sais ce que vous vous dites, vous qui lisez ce message: 'Mais quel faux-cul ce mec!" Eh oui! Criss était un vrai comédien quand il le fallait!

*lumières...allumées...yeux...voilés...aveugle...de naissance...*Les mots résonnèrent dans la tête de Justine. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre ce que cela impliquait.
"-Aveugle?Ce...ce n'est pas possible,je ne comprends pas... j'ai toujours vu, qu'est-ce qui aurait pu me rendre aveugle aujourd'hui..."
Justine ne comprenait pas, effectivement. Elle n'avait pas eu d'accident, ni rien... Ou alors...la jeune fille se souvint de la piqûre qu'on lui avait faite, de l'étrange seringue et du liquide blanc qu'elle contenait. Et si... Non, c'était ridicule. Comment cette piqu^re aurait pu lui voler sa vue? Ca ne se pouvait pas. La jeune fille nota également que Criss ne lui avait pas répondu. Elle ne savait toujours pas si elle était au manoir Emerson ou bien où. Elle décida qu'elle éclaircirait ça plus tard. Soudain, Criss la prit dans ses bras et la porta et lui parla. Justine remarque qu'il était passé au "tu". Elle hésita, mais décida de rester au vous, car, bien qu'elle ne sache pas son âge exact, il était plus âgé qu'elle. Elle l'écouta. Il avait remarqué qu'elle avait froid. En effet, elle frissonnait dans sa légère robe blanche d'été. La jeune fille avait faim, oui...elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle était motée dans cette voiture, mais elle savait que, à ce moment là, elle n'avait rien mangé depuis deux ou trois jours. C'était pas son "supposé père" qui se serait pris le temps de ramener de la bouffe. La jeune fille songea soudain à son ancienne vie, dans la cité. Elle avait souvent froid, souvent faim et elle prenait tout le temps des coups. D'ailleurs, une ecchymose noire par endroits marquait encore son épaule, vestige de la dernière fois qu'elle avait vu son père ; la veille du jour ou elle était montée dans cette voiture en compagnie de ce type.Elle se dit que sa nouvelle vie ne pouvait être que meilleure. Elle ne savait pas à quel point elle avait tort.
"-Oui. Et je veux bien à boire. Je vous remercie."